Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/285

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— On nous accuse, nous autres Américains, d’être des esprits terre à terre. Satanstoe ! (orteil de satan), nous vivons au milieu d’une incessante féerie. L’autre jour, un magicien tonnait contre nous au Sénat ; ce matin, notre petite Linérès disparaît.

— Oui, envolée sans laisser de traces… Un coup de baguette magique.

Allan considéra Chazelet avec anxiété. Le Parisien semblait penser comme le milliardaire. Jemkins reprit :

— Oui, l’enfant avait disparu de sa chambre, de l’hôtel ; seulement, elle avait laissé à sa place, vous ne devineriez jamais… Je ne vous ferai point languir, à la place de Linérès, nous trouvâmes…

Il prit un temps, comme pour accentuer l’effet de sa conclusion :

— … Miss Lilian Allan, votre charmante sœur.

Jud chancela sous le coup. Lilian chez Jemkins, chez l’assassin de Pariset ! Et dans le désarroi de sa pensée, il sentait peser sur lui le regard cruellement narquois de son ennemi. Celui-ci continuait imperturbablement :

— Comment cette jeune dame a été amenée ici, je ne l’ai pu découvrir… Toutefois, je n’ai pas songé un moment à la rendre responsable d’une invasion de mon domicile, dont je la sentais totalement innocente. Je l’ai fait reconduire aussitôt chez miss Deffling, par une amie de cette dernière.

Un soupir rauque fut la réponse d’Allan.

Est-ce qu’il allait devenir fou ? Il ne comprenait évidemment pas les paroles de son interlocuteur. Lilian avait été prisonnière de Jemkins, et Jemkins lui avait rendu la liberté !

Mais le milliardaire lui décocha ce dernier renseignement :

— Chose curieuse, nous avons vu, Pierre et moi, la jeune dame monter en voiture pour regagner Kendall Green.

— Oui, certes, affirma le marquis, soyez assuré que j’ai veillé respectueusement sur une personne portant votre nom.

— Eh bien ? Interrogea Jud, avec le pressentiment que Jemkins allait lui porter le coup décisif.

— Eh bien, conclut le riche Américain, après le déjeuner, j’ai envoyé à Kendall prendre des nouvelles de miss Lilian. J’avais peur que la ridicule aventure ne lui eût causé quelque malaise. On m’a rapporté cette réponse de miss Deffling :