Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que vous, un mot me permettrait de nous délivrer tous.

Son intonation sonnait si ferme, que le Français n’hésita plus.

— Je vous donne ma parole de garder le silence.

Une lueur brilla dans les yeux du professeur de West-Point.

— Merci. Les minutes sont précieuses. Je me hâte de parler. Vous avez vu ma… sœur ?

— Comme je vous vois. Je l’ai vue et je lui ai parlé.

— Rappelez vos souvenirs, je vous en conjure. Qu’a-t-elle dit ?

— Oh ! il m’est aisé de me rappeler, car la scène m’a cruellement frappé.

— Qu’a-t-elle dit ? répéta Jud avec une insistance douloureuse.

— Son étonnement de se trouver là. Son nom : Lilian Allan. Sa qualité de pensionnaire de l’Institution Deffling. Sa parenté avec vous.

— Le nom de Frey Jemkins a-t-il été prononcé ?

— Oui, par moi-même, répondant à la question de la jeune fille, qui demandait : « Où suis-je donc ? »

Allan saisit fortement le bras de son interlocuteur.

— Comment a-t-elle accueilli ce nom ? Réfléchissez avant de parler.

— Ma foi, je vous avouerai que j’ai cru discerner de la crainte chez elle… Je me trompais sans doute…

— Non…

— Non, dites-vous ?

— N’interrogez pas, je vous en supplie. S’il est une chance de sortir de cet imbroglio, c’est uniquement de la discrétion qu’elle peut naître… Continuez, continuez.

— Eh bien, donc, elle m’a semblé avoir peur, puis elle s’est rassurée. C’est, je crois, une nature de courage et de résolution.

— Oui, vous l’avez bien jugée, murmura mélancoliquement Allan. Courageuse, et résolue. Mais ne s’est-il pas produit aucun incident ?…

— Digne de remarque… Oui et non…

« Vous savez…, ou, si vous ne le savez pas, je vous l’apprends, là-haut, — le jeune homme désigna le premier étage, — là-haut habite une cousine de Mr. Jemkins, Lily Pariset, qu’en arrivant en Amérique, je pensais être la mère infortunée de ma bien-aimée Linérès.