Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/299

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vous a conseillés, qui vous a permis d’établir des ramifications dans toutes les cités de l’Union, celui qui a fait de vous le puissant syndicat des Lads, celui-là est faible, il vient solliciter votre secours.

Un murmure enthousiaste bourdonna dans le carrefour, s’engouffra sous les arbres. Mais Allan leva la main. Tous redevinrent muets.

— Avant de vous dire ce que j’espère de votre affection, il importe que vous me connaissiez mieux. Écoutez l’histoire rapide de celui que votre gratitude, peut-être outrée, a appelé le roi des Lads, le roi des Gamins.

En phrases hachées, concises, nerveuses, Jud dit son enfance… Il retrace les dangers qui l’ont entouré. Il a un souvenir ému pour les petits camarades de ses premières années, lesquels sont tombés à la mendicité ou au vol, parcourant l’ingrate et avilissante carrière de la paresse déprimante, de la prison qui déshonore.

Il dit la pitié infinie, née en lui pour tous les pauvres bambins, si nombreux hélas ! que le crime ou la misère jettent à la rue des villes des États-Unis. Il dit ces enfants sans défense, livrés à la cupidité d’exploiteurs éhontés, innocentes victimes du vice et de l’opprobre.

Oh ! les réunir, les confédérer, leur donner la vigueur par l’union, l’honneur par le travail justement rétribué ! Comme ces idées l’ont hanté ! Quel inconnu généreux a pu pénétrer sa pensée ? Quel inconnu a mis à sa disposition les sommes nécessaires à la constitution du premier syndicat d’enfants sans famille ?

Il y a dix ans de cela. Dix ans ont suffi, et ce syndicat de tout petits, se confinant dans ses intérêts professionnels, est devenu une puissance. Il a rayonné sur tous les États-Unis. Chaque cité a une agence annexe.

Les adhérents se comptent par milliers. Ils sont partout. Ils sont au courant de tout. Et c’est pour cela que lui, leur chef, en butte aux attaques d’ennemis formidables, vient réclamer leur appui.

Une acclamation enthousiaste répond a cet exorde. Gamins, fillettes tendent les bras vers celui dont la volonté les a groupés.

— Vos protestations sont douces à mon cœur. Mais il faut que vous sachiez tout. Devant l’horrible, il n’y a point honte à reculer.

Et il conte le drame d’Agua Frida, son existence