Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/328

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— Je voudrais être à demain, bégaya Van Dilijck d’une voix incertaine. Au retour de notre entrevue avec les joailliers, j’aurai joie à me coucher et à dormir durant deux fois vingt-quatre heures.

— Depuis huit jours, nous veillons tour à tour, afin de ne pas perdre de vue le précieux dépôt qui nous a été confié.

— Oui, oui, l’un veille ; mais l’autre ne dort qu’à moitié. L’inquiétude n’est point propice au sommeil calme, auquel je suis accoutumé dans ma chère et paisible Hollande. Et nous n’en jouirons pas encore cette nuit. Voyons, Daloom, à qui la première faction ?

— À moi. Je vous rappellerai que vous-même étiez de garde ce matin à l’aube.

— Alors, donc, ne perdons pas notre temps en discours inutiles… Je vous souhaite le bonsoir, Daloom ; à minuit, vous me remettrez la garde.

— À minuit, c’est convenu, digne meinherr.

— La porte bien close ?

— À double tour, la clef en dedans sur la serrure, le verrou de sûreté poussé.

— Et la fenêtre ?

— Contrevents fermés, la barrette rabattue, le crochet dans son piton.

— Votre revolver ?

— Chargé. Le voici sur la table, à portée de ma main.

— Et notre écrin ?

— Sous le revolver, meinherr. À moins de me tuer d’abord, je ne vois pas trop comment on y arriverait.

Jud eut un léger frisson à cette phrase prononcée par le convoyeur en second.

Mais n’allait-il pas veiller sur les inconnus ?

Ne passerait-il pas la nuit auprès du microphone ?

Un lit craqua sous un poids lourd. Van Dilijck se couchait.

Une voix assourdie, déjà dans le lointain du sommeil, bégaya :

— Bonne faction, Daloom.

— Pas de mauvais rêves, meinherr.

Puis, le silence régna dans la chambre avec laquelle Allan se trouvait en communication.

Le professeur apporta sans bruit un fauteuil auprès de l’appareil et s’assit, l’oreille à hauteur de la tablette vibrante du renforçateur. Dans cette posi-