Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/345

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rencontré plusieurs personnages du haut commerce, avec lesquels il s’est entretenu amicalement, il s’est rendu ensuite au commissariat central de police. Un jeune secrétaire a mis l’oreille au trou de la serrure et l’a entendu s’enquérir auprès du Central officer du crime de New-York dont tout le monde parle.

— J’ai quitté New-York le matin même de la découverte de ce meurtre étrange ; les récits des journaux m’apparaissent tellement fantastiques.

Et le central policer, avec une amabilité en rapport avec l’importance de l’ami de Jemkins, s’est répandu en explications prolixes.

— Et aucun indice faisant espérer l’arrestation du coupable ?

— Aucun, cher monsieur, aucun, en vérité.

Jud comprend le but de cette visite. Van Reek a voulu s’assurer qu’aucun danger ne le menaçait de ce côté. Tranquillisé, il est allé déjeuner dans Mason-street, au restaurant dit Terrace Garden.

La journée s’avance. Les rapports se succèdent, sans perdre leur banalité.

Van Reek a pris une voiture, s’est fait conduire au parc de la porte d’Or.

Près du kiosque à musique, il s’est rencontré avec un gentleman. Les deux hommes se sont serré la main en manifestant une surprise joyeuse de se voir. Ils ont échangé quelques paroles.

Van Reek rend ensuite diverses visites et soupe avec un de ses amis, président du Tribunal au Criminel.

La nuit est venue. Van Reek se rend à l’Orpheum, le théâtre français de Fanell-street. Il y séjourne une heure, puis rentre à pied à Jemkins-House. La lumière s’éteint bientôt dans la chambre qu’il occupe. Les guetteurs en concluent qu’il s’est couché.

Minuit a sonné depuis longtemps aux horloges à carillons, dont les riches habitants de Frisco ont la manie d’orner leurs demeures.

De loin en loin, un roulement de voiture, un aboi de chien, le pas cadencé des roundsmen en tournée, troublent un instant le silence ; puis, ces bruits s’éteignent, semblent absorbés par la nuit.

Deux heures tintent aux carillons, quand la porte de la chambre est brusquement poussée.

— Qui va là ?

— Le gardien du sans fil, roi.

C’est un gamin qui, dans cette nuit silencieuse,