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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Sa voix est si sincère, elle exprime une telle loyauté que son interlocuteur ne saurait s’y méprendre.

— Attends.

Puis il s’éloigne, disparaît derrière le contrefort que contourne le lieu.

Quelques instants s’écoulent ; la lueur tremblotante reparaît.

— Où es-tu ?

— Ici, Maître.

— Bien… j’ai attaché au bout de cette cordelette une pierre enveloppée d’étoffe ; tâche de la saisir.

Il jette la pierre… un premier essai est infructueux, mais au second, les mains maigres du petit empoignent le projectile.

— Je l’ai… Le temps de l’attacher solidement… et de prévenir ma compagne… celle que vous aviez tout comme moi, remise aux soins de Oang.

Et Joyeux se redresse… Une aspérité du roc lui permet de fixer le filin. Ce soin pris, il rampe auprès de miss Sourire, la réveille doucement, lui donne à voix basse des explications rapides, de brèves instructions.

Elle veut protester, il lui ferme la bouche par un énergique :

— Il n’y a aucun danger… Y en eût-il, du reste, que ce serait la même chose. Service du Maître du Drapeau Bleu !

Et la fillette courbe la tête. Service du Maître… cela est sans réplique pour ces petits, abandonnés aux hasards de la vie.

Tous deux reviennent à la fissure. Le gamin saisit la corde.

À ce moment, Sourire l’arrête encore :

— Dis-moi adieu !

— Non, au revoir…

— Dis-moi adieu, reprit-elle. Nul ne sait ce que Bouddha a décidé. Si tu ne reviens pas… J’irai te retrouver.

Son accent est ferme. La fillette se montre simplement héroïque. Un instant, les deux êtres demeurent enlacés.

Puis Joyeux glisse le long de la cordelette, prend pied sur les rochers, à deux pieds de Dodekhan.

— Me voici.

Dodekhan ne répondit pas d’abord. Il dirigea sur