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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Oh ! mes pensées ?…

— Sans doute. Vous dirai-je pourquoi vous êtes ici ?

Elle fit oui de la tête.

— Vous guettez notre arrivée ; quand nous serons bien engagés dans le défilé, vous en avertirez le poste de Ki-Lua par un signal optique quelconque et… vous nous délivrerez ainsi un billet direct pour les nuages.

La duchesse approuvait du geste, les poings serrés, une flamme dans les yeux…

— Allons, reprit le Graveur de Prière, je vois que vous avez le courage de votre opinion. D’aucuns nieraient. Vous, vous reconnaissez la justesse de mes dires.

Puis narquoisement :

— Seulement l’ascension brutale vers les nues ne séduit ni le Maître du Drapeau Bleu ni moi-même, et elle n’aura pas lieu.

— Si.

— Pour que nous soyons projetés en l’air, il faudrait que l’explosion des mines se produisit. Or, elle ne se produira pas.

— Vraiment… Et pourquoi cela, je vous prie ?

— Parce que nous ne le voulons pas.

— Raison insuffisante.

— Et aussi, madame la Duchesse, acheva imperturbablement le géant jaune, parce que vous craindrez l’explosion tout autant que nous-mêmes, lorsque je vous aurai fait part des événements qui ont suivi votre évasion.

Devant l’assurance de son interlocuteur, Sara se mit à trembler. Un instant elle ferma les yeux, avec l’impression terrifiante qu’une douleur inexprimable planait sur elle.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La veille au soir, deux heures après que les fugitives s’étaient enfuies de la pagode de Lin-Nan-Lien, San, extrêmement peiné par le mécontentement du Maître, s’était timidement dirigé vers la tente de feutre de ce dernier.

Il se fit reconnaître du factionnaire qui gardait l’entrée et se glissa à l’intérieur, où Log, couché sur des nattes, rêvait les yeux ouverts.

À la vue de son fidèle, le chef des Masques d’Ambre fronça les sourcils. San se prosterna aussitôt, et, le front dans la poussière, murmura :

— Seigneur, ton dévoué a été coupable. Il a eu peur