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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

des plaques amulettes de métal demeurées intactes au cou des défunts.

Elles appartenaient aux prêtres envoyés à la provision d’eau.

Cela lui semblait inexplicable. Comment ces serviteurs de Tao-Ssé, que, du fond du temple, il avait vus s’éloigner avec les barils sacrés se retrouvaient-ils ici, dans cet état ?

Log et San, eux, échangèrent un regard sans mot dire.

Le soupçon de la vérité venait de naître en eux. Les captives avaient pu prendre la place des infortunés religieux taoïstes ! Comment ? À la faveur de quel subterfuge ? Cela était inexplicable pour l’instant ; mais cela devait être.

L’éveil ainsi donné, des éclaireurs furent lancés sur la piste des fugitives.

Les empreintes laissées de loin en loin par les chariots conduisirent les chasseurs à la passe de Ki-Lua.

Plus de doute. Sara et la fille du général Labianov avaient franchi la frontière. Elles s’étaient réfugiées au poste militaire le plus proche.

Des agriculteurs interrogés confirmèrent ces suppositions. Puis un boy, évadé du village de Ki-Lua, avant que les abords en fussent surveillés, apporta la nouvelle que le télégraphe sans fil fonctionnait sans relâche, que des femmes d’Europe, après un entretien avec le chef du poste, avaient repris le chemin de la passe et que, à l’abri d’un parasol, elles semblaient dessiner, installées sur une plate-forme rocheuse, sise à mi-hauteur de la montagne.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et San, ces éclaircissements donnés, continua :

— Non, l’explosion des mines n’aura pas lieu. Elle n’aura pas lieu, parce que leur déflagration coïnciderait avec le râle d’agonie du duc de la Roche-Sonnaille et de Dodekhan.

Un double cri ponctua la déclaration.

Mona, qui s’était rapprochée de sa compagne, avait entendu, et comme celle de la duchesse, son émotion s’était trahie par une exclamation étouffée.

La bouche de San s’ouvrit largement pour un ricanement moqueur :

— Au surplus, je ne vous demande aucune promesse, madame la Duchesse. Dans cinq minutes, après vous avoir appris ce qui arrivera si vous per-