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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

vos personnes et de les ramener à Calcutta. Afin de ne pas allonger votre itinéraire, je vous conduis à Ceylan, je fais recevoir votre déposition par les autorités…

— Oh ! J’aurais voulu éviter le voisinage de toute côte asiatique.

L’exclamation de Dodekhan parut déplaire à l’amiral.

— Je pousserai la condescendance, prononça-t-il un peu sèchement, jusqu’à demander aux autorités de se transporter à votre bord. Vous ne descendrez même pas à terre. Il me semble qu’en rade de Colombo, sous la garde de vaisseaux de guerre anglais, vous cesserez de manifester des craintes un peu blessantes, permettez-moi de le dire, pour le pavillon qui flotte sur vos têtes.

Le Turkmène garda le silence. À quoi bon discuter avec cet homme qui, de toute évidence, ne se faisait pas idée de la formidable puissance confisquée par Log et ses Graveurs de Prières.

Son mutisme apaisa l’officier, qui reprit plus doucement :

— Vous le voyez, j’agis de mon mieux, m’efforçant de concilier vos convenances avec les devoirs qui m’incombent.

— Je le reconnais volontiers.

— À la bonne heure… Vous concevez que naviguant par ordre à la poursuite d’un pirate je suis tenu de faire constater par les magistrats que le gouvernement de la Vice-Royauté de l’Inde a été trompé par de faux rapports.

— En effet, milord.

— Tout est donc au mieux. Je vais donner l’ordre de servir un lunch, si vous y consentez ; mesdames, mes officiers et moi-même serons heureux de toaster à vos grâces.

— Trop galant, en vérité.

— Après quoi, vous retournerez à votre bord, sur lequel je vous demanderai simplement de conserver jusqu’à Colombo le détachement qui le garde en ce moment.

— Ah ! jusqu’à Colombo ?

— Oui. Vous comprenez… Je dois être réputé avoir pris toutes les précautions utiles en face de pirates

— Que nous ne sommes pas !

— Je suis prêt à en jurer. Mais les précautions qui