Page:Ivoi - Le Maître du drapeau bleu.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

senteurs capiteuses de la terre, l’enchantement commence.

C’est la lagune immense du Sunderbund, formée par les multiples bras du delta. C’est la rade de Sankor, le banc de sable Mizra que l’on prolonge pour embouquer l’estuaire de l’Hougly, large de douze kilomètres.

Puis, la pointe d’Hougly dominée par son sémaphore, le lac et le village de Folta, puis la succession ininterrompue des végétations aux fleurs géantes, donnant aux rives l’apparence de gigantesques bouquets, parmi lesquels se détachent les villas, les temples, les cabanes indigènes, les escaliers de marbre des embarcadères de Atchipoor, Oalaburnia. Plus loin encore, c’est le pont tournant de Budge-Budge, que garde, comme un factionnaire énorme et menaçant, le fort de Gloucester.

Et le cours d’eau oblique vers l’est, baignant les coquets cottages de Garden-Reach, faubourg avancé de Calcutta, où les négociants établissent volontiers leur home.

Sous les palmiers, les arbres aux essences précieuses, des lawn-tennis, des enceintes grillagées de private-gulf ; des matereaux-portiques dénoncent les camps de football ; et de vastes pelouses, entretenues à grands frais, parsemées de massifs de buissons odorants, bordées de bocages, retentissent des hennissements des « poneys irlandais » montés par les adroits joueurs de polo à cheval.

Un nouveau coude de l’Hougly masque ce bourg si anglais.

Et, brusquement, Calcutta apparaît, bordant les deux rives de ses docks, bassins, montrant l’origine de son canal de Tolly-Nallah, la masse de l’arsenal, les frondaisons du Jardin botanique, l’agglomération du faubourg de Sihpoor ; et puis le quai du Strand, promenade du high-life, longue de près de trois kilomètres, où s’amarrent des navires de toute nationalité et que découpent les escaliers de pierre, les ghats, permettant l’embarquement facile à tout instant de la marée.

Si l’on s’enfonce dans cette ville où se mêlent, se coudoient toutes les architectures, toutes les couleurs, toutes les formes, où tous les groupes ethniques du globe ont des représentants, on s’élève peu à peu en s’éloignant du fleuve.