— Et qui donc procédera à cela ?
— Un envoyé du gouvernement qui se présentera le surlendemain de ce jour. Mais, ce que j’ai tenu à vous dire… c’est ceci : les policemen qui m’ont amené les misérables, m’ont affirmé qu’ils étaient des terribles convicts. Ils se donnent des noms ronflants… qu’ils auraient dérobé avec la vie à d’infortunés voyageurs.
— Oh ! souligna le directeur en frissonnant.
— Et puis ils avaient volé un grand navire.
— Un grand navire ! répéta Lydias frissonnant plus fort.
— Parfaitement, et la division navale de l’océan Indien a dû prendre la mer tout entière pour les capturer… Et ces hors la loi ont fait sauter leur vaisseau, avec les marins anglais montés à leur bord.
Lydias n’eut pas la force d’une nouvelle exclamation. Il épongeait son front ruisselant de sueur.
— Vous croyez bien… J’ai parlé de cet incident pour vous démontrer l’utilité de les tenir en étroite surveillance… Une évasion serait la perte de votre carrière.
— On ne s’évade pas des prisons anglaises, bredouilla le directeur, cherchant à raffermir sa voix.
— Si, si, on s’évade quelquefois, insista le shériff d’un air entendu ; seulement cette fois, il ne faut pas que l’on s’évade, le vice-roi ne le veut pas.
Et vidant son verre jusqu’à la dernière goutte, le chef de la justice de la Haute Ville se leva :
— Je vous ai dit le principal, cher vieux garçon… À vous de faire le reste.
Un instant plus tard, Lydias était seul en face du greffier.
— Où a-t-on mis les bandits ? s’écria-t-il, tout disposé à faire retomber sur ses inférieurs l’émotion que lui causait la mission de confiance dont il se voyait investi.
— Quartier Glackester.
— Pourquoi là ?
— À cause des deux cellules blindées… qu’un seul homme peut surveiller incessamment… Nous n’avons qu’un personnel restreint, et…
— Vous allez courir au cantonnement des sicks (troupes indigènes).
— Bien, monsieur le Directeur.
— Vous demanderez une escouade, non, une sec-