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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Suppose que ces sept mètres soient divisés en sept tranches d’un mètre chacune.

— Je le suppose, là.

— Bon… Alors des savants ont découvert que chacune de ces tranches n’est pas soumise à la même tension électrique.

— Pourquoi donc ?

— Ah ! çà, je n’en sais rien. Peut-être bien que les savants ne l’ont pas dit. Toujours est-il que si, au moyen d’un circuit, on peut mettre en communication la tranche d’en haut et la tranche d’en bas, on détermine un courant électrique. Tu me suis toujours ?

— Comme un petit chien… qui trouve que tu expliques très bien.

Ils se sourirent et Joyeux continua :

— Dès lors, deux petites turbines sont encastrées dans l’avant du bateau, l’une à la flottaison, l’autre près de la quille… réunies à l’intérieur par des conducteurs ; une fois à flot, le courant se produit, est rendu plus intense par des électro-aimants déterminant amplification par alternance, puis distribué partout au moyen d’une canalisation appropriée. Ne trouves-tu pas cela clair ?…

— Clair… dis, éblouissant… Ton électricité me fait voir trente-six lanternes… Mais je suis ravie que tu sois si intelligent, toi… Plus tard, tu seras ingénieur bien sûr, et comme jamais tu n’auras pour personne autant d’amitié que pour moi, nous nous marierons et nous serons très heureux.

— Ça, c’est bien vrai que je n’aimerai jamais personne comme toi, ma chère Sourire… Vrai, c’est une chance qu’on se soit rencontré, sans ça, il y aurait eu à supporter trop de malheur pour un seul.

Une acclamation les interrompit.

L’instant solennel, l’instant du lancement était venu.

De nouveau, les vivats éclatent.

Le Maharatsu flotte majestueusement sur le port.

Sourire et Joyeux mêlent leurs cris à ceux de la foule. Ils ont leur part de fierté dans l’événement, car eux aussi ont travaillé à la machinerie de ce géant que la houle berce mollement.

Leur joie fait sourire les passants. Ils sont si connus à Kiao-Tcheou !

Les Chinois les saluent du mot diell (lutins aima-