Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/146

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n’avait pas commis, possédait une conscience si pure, qu’il ne retrouva le sentiment de la réalité des choses que vers dix heures du matin.

— Sapristi ! gémit-il après un regard à sa montre, la camériste Véronique va certainement être grondée.

Il se vêtit aussi vite que possible, assura sa perruque, son tablier, et se précipita vers les cabines de ses maîtres.

Là, une surprise l’attendait :

Les portes closes ne s’ouvrirent point sous ses coups discrets.

Il frappa plus fort sans meilleur résultat. Pris d’une vague inquiétude, il tira de sa poche les clefs, qui lui avaient été remises, afin qu’il pût faire le ménage du logis nautique des Japonais.

Il entra et demeura bouche bée.

L’état des couchettes indiquait qu’elles n’avaient pas été occupées la nuit précédente. Ah çà ! Uko et sa fille ne s’étaient donc point enfermés dans leurs cabines respectives ?

Que signifiait pareille irrégularité ?

Dans l’impossibilité de répondre à la question, Pierre courut chez mistress Honeymoon.

Celle-ci, à qui le repos avait rendu ses fraîches couleurs, sursauta aux premiers mots de la fausse Véronique.

Elle lui intima l’ordre de se mettre à la recherche des disparus. Elle-même prendrait à peine le temps de se vêtir, et se livrerait à une perquisition semblable.

À onze heures, tous deux se retrouvaient sur le pont et se renvoyaient les répliques stupéfaites et désolées.

— Personne ?

— Personne.

La jolie mistress britannique ajouta aussitôt :

— Cela n’a rien de surprenant, car les canots ne les ont pas ramenés à bord hier soir.

— Pas ramenés, gémit Pierre ; voulez-vous dire qu’ils ont manqué le départ ?

— Je ne dis pas autre chose.

— Alors, ils sont restés à Brindisi.