Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/32

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— Par le Soleil Levant ! s’écria-t-il, ce brave général Uko me tire une rude épine du pied ! Ah ! ce pantalon ! Ce pantalon ! Par quelles transes il m’a fait passer ! Enfin, j’en suis délivré. Finie l’effroyable responsabilité que je devine enclose en cet ajustement. Mon reçu bien en règle dans ma poche, je suis tranquille, et ma foi, je me mets en vacances. Allons terminer une journée si bien remplie dans ma petite maison du Vésinet

Il riait, découvrant ses dents blanches. Sa main s’appuya sur la sonnerie électrique et, l’huissier aussitôt apparu, il dit, affectant une gravité bien éloignée de son esprit :

— Imo, je pars ! Les affaires ne m’accordent pas un instant de répit. Leur grand nombre, leur importance, leur multiplicité m’accablent. Si l’on me demande, vous ferez repasser demain. Aujourd’hui, un service… commandé m’absorbera, je ne sais jusqu’à quelle heure…

— Soyez assuré, monsieur le conseiller…

— Je suis assuré de votre zèle, Imo ; ne nous dépensons pas en affirmations oiseuses. Le temps vole sans avoir besoin d’aéroplane, ce vieux temps. Ma canne, mon chapeau… Je n’oublie rien ? Non. À demain, Imo.

Sur ce, M. Arakiri s’élança hors de son bureau, absolument comme s’il courait à un devoir dont dépendit la grandeur nippone.

L’huissier attendit que le bruit de ses pas se fût éteint, puis hochant la tête, avec un sourire narquois :

— Moi, je ne suis qu’un modeste huissier. On ne me met pas au courant des manigances politiques. Aussi n’ai-je qu’un devoir : conserver en bonne santé un père aux enfants que j’aurai un jour ou l’autre, et pour cela me reposer toutes les fois que j’en trouve l’occasion. M. Arakiri absent, je ne sers à rien ici, je rentre chez moi.

À son tour il sortit, apparemment ravi de sa détermination.

Le cabinet d’Arakiri demeura un instant désert et silencieux. Soudain, un craquement se produisit. Un