Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/55

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— Non, mais vous pouvez voyager en même temps que moi, et vous charger d’un objet qui doit effectuer tout le parcours, objet que mon terrible Samouraï cherche à m’enlever, car le gain du pari dépend de son arrivée à destination définitive.

— Et cet objet précieux ?…

— Est ce pantalon.

Ce disant, Uko ouvrit la serviette de maroquin qu’il maintenait serrée sous son bras et en tira une culotte touriste gris de fer.

— Un pantalon ? bégaya Tibérade, absolument ahuri par cette conclusion inattendue.

— Un pantalon ? répéta sa cousine. Ah bien ? pour une idée baroque !… Pardon du mot, il m’a échappé.

Avec une expression mélancolique, le Japonais rassura la fillette :

— Oh ! vous n’avez pas à vous excuser… Ne vous ai-je pas annoncé un pari absurde ? Si je me laisse enlever ce sot vêtement, je perds la gageure et je ruine ma fille. Stupide, je vous dis, c’est stupide ; mais le mal est fait. Si je dois périr dans les embûches de mon adversaire, je souhaite au moins conserver à Sika un avenir doré.

— Je ne demande qu’à vous aider, déclara bravement Tibérade entièrement gagné à une cause, dont dépendait l’existence de la blanche Sika.

— Vous vous chargeriez donc de l’encombrant vêtement ?

— Donnez, général.

L’officier nippon leva la main pour appeler l’attention de son interlocuteur.

— Un instant. Personne ne soupçonnera qu’il est en votre possession.

— Je ne suis pas bavard, et puis de mon silence dépend la fortune de Mademoiselle, — il se reprit vivement : votre fortune…

Uko ne parut pas remarquer les termes employés. Il poursuivit :

— Vous serez obligé de me suivre partout, sans avoir l’air de me connaître.

— Au bout du monde, s’il vous plaît… Mais j’y