Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/123

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au gardien ou suisse, un géant barbu se montra.

— Sir Dick Fann, sans doute ? fit-il d’une voix de basse taille qui résonna sourdement dans le vestibule.

— C’est moi-même.

All right ! Mrs. Lodgers m’a envoyé prévenir de votre visite. Elle n’est pas encore rentrée, mais elle prie le gentleman de l’attendre dans le petit salon du rez-de-chaussée… Je vais conduire moi-même.

Tout en parlant, il traversait le dallage de mosaïque, ouvrait une porte faisant presque face à celle de la loge, actionnait les allumeurs électriques, puis, s’effaçant :

— Entrez, sir… Sur la table, vous trouverez journaux et revues.

Resté seul, le détective promena autour de lui son regard.

Partout, dans le choix des styles, dans le rapprochement des couleurs, on sentait la main de la femme de goût. Un soupçon de sévérité décelait aussi le côté sérieux de l’esprit de la maîtresse du logis.

Car Mrs. Lodgers résidait presque constamment seule en son hôtel ; son mari, retenu par d’énormes intérêts miniers dans la région des Montagnes Rocheuses, n’y faisant que de très brèves et rares apparitions.

Du côté de la rue, aucune ouverture. Mais une large baie aux vitraux admirables donnait sur un petit jardin (luxe rare à New-York), occupant l’arrière de l’hôtel.

Le détective s’approcha de la baie, l’ouvrit, regarda au dehors.

La façade qu’il avait sous les yeux n’était point la régularité froide de la plupart des constructions américaines. Un architecte artiste l’avait conçue en réduction des castels Renaissance, qui font l’orgueil de la vallée de la Loire.

Une délicieuse tourelle octogonale la terminait, fantaisie sculptée qui donnait un charme souriant à tout l’ensemble.

Les stores, dentelle et soie, baissés aux fenêtres du premier étage, laissaient filtrer une lumière rosée, due évidemment à des globes colorés. L’Anglais se déclara sans hésiter que, là, était la chambre de Mrs. Lodgers.