Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/160

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s’était brisée en entraînant dans sa chute une forme humaine. L’accident s’était produit sur le pommier situé juste en face de la fenêtre du docteur.

Il y avait donc là une personne qui, selon toute apparence, observait ce qui se passait dans la chambre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le matin du départ est arrivé.

Une voiture que le docteur Meulen a commandée la veille à New-Haven, vient de s’arrêter devant la façade sombre de Stone-Hill-Castle.

On y charge la malle de Mathiesel, car, le médecin, décidément conquis par le caractère de la jeune fille, lui a offert de la transporter à la gare du railway. Il n’a pas de préjugés de caste, lui, qui est accoutumé à voir tous les humains, égaux devant la souffrance.

Et Mathiesel a accepté avec des protestations de gratitude qui ont paru très agréables à l’excellent praticien.

Mais que fait-il lui-même ?

Sur un tas de branches mortes il a placé le manteau gris, découpé en petites lanières, et il a mis le feu à ce bûcher improvisé.

Une idée géniale qu’il a eue dans la nuit et qui a fait pousser à Mrs Tolham des clameurs d’admiration.

Brûler la sortie de bal, c’est éloigner tout danger.

Une note aux journaux suffira. Le fou, irrésistiblement attiré par les vêtements gris brouillard printanier, n’aura plus aucune raison de venir à Stone-Hill. Les domestiques, définitivement rassurés, attisent joyeusement le feu. Les bandes de tissu flambent au milieu des rires.

De sa fenêtre, la veuve assiste à l’autodafé. Elle unit sa voix à celles de son personnel pour féliciter le docteur. Et quand celui-ci prend place à côté de Mathiesel dans la voiture qui s’ébranle, un hurrah s’élève en son honneur.

Le véhicule a disparu à travers les arbres du parc. Il roule maintenant sur la route de New-Haven. Meulen semble avoir oublié totalement l’humble condition de sa compagne. Il parle à Mathiesel comme à une lady.

— Tout médecin, explique-t-il, est égalitaire. Il a des amis peu fortunés, pour lesquels il se sent plus de réelle affection que pour des millionnaires.