Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/266

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Un cri déchirant de la jeune fille salue ce départ ; à ce cri répondent des rugissements épouvantables.

Les ours ont aperçu l’homme. Ils se ruent sur la piste de la proie convoitée. Mais un silence de stupeur succède au vacarme. Une seconde silhouette humaine a jailli de la brèche ouverte par Dick Fann.

C’est Jean Brot qui, derrière l’automobile, a chaussé les skis et qui, maintenant, obstiné dans son idée de dévouement, est dehors, en face des ours affamés.

Mais que fait-il donc ? Il ne se dirige pas vers l’entrée que le détective est près d’atteindre. Il file rapidement devant la ligne des plantigrades. On croirait qu’il les passe en revue.

Ainsi il arrive contre la falaise faisant face à la caverne.

Là, un coude brusque le porte vers la partie où les carnassiers, tout à l’heure, s’étaient réfugiés.

Les féroces animaux sont restés un instant stupéfaits, leur élan brisé par l’apparition de cette proie nouvelle, qui semble s’offrir à leur voracité !

Puis, avec un ensemble parfait, tous se précipitent vers le Parisien.

Au surplus, Dick a disparu dans le petit couloir rocheux d’entrée. Les fauves ne le voient plus, leur appétit les pousse vers la victime qu’ils discernent à quelques pas d’eux. Et alors, médusés, Fleuriane et ses compagnons assistent à une chasse diabolique.

Il a fait du ski, le petit Jean. Il évolue, tournoie, circulant au milieu de la troupe carnivore avec une précision, un sang-froid admirables. Il donne l’impression d’un numéro de domptage inédit.

L’idée du danger disparaît presque devant son assurance.

Soudain, dans un rush, il distance ses assaillants : il arrive jusqu’à la meurtrière, et jette en passant cette phrase :

— Préparez vos revolvers… Au prochain tour, je rentre… Il faudra canarder ferme.

Il est déjà loin. Mais ceux qui sont dans la caverne ont compris. Les revolvers sont rechargés. Mme Patorne, elle-même, brandit une arme. De l’excès de la terreur naît en elle le courage du désespoir.

Toujours poursuivi par la meute hurlante des ours, s’exaspérant à la chasse de l’insaisissable proie, le petit est parvenu de nouveau à la falaise opposée à celle où s’ouvre la caverne.

Ses amis suivent ses mouvements avec angoisse.