Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/289

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— Jamais nous ne pourrons hisser l’automobile sur ces falaises, murmura M. Defrance d’une voix hésitante.

Mais Dick Fann le rassura aussitôt :

— De ce côté, en effet, la côte est impraticable ; mais, sur la partie exposée au nord, le terrain s’abaisse en pente douce vers la mer. J’ai étudié la route avant de partir, et si j’ai continué sur les Diomèdes, c’est que j’étais assuré d’y trouver un refuge.

Et, abaissant le levier de marche, il accéléra la vitesse de l’appareil.

Maintenant, la machine rasait les falaises contournant la côte inhospitalière. En avant, une pointe se profilait, donnant l’illusion d’une jetée gigantesque protégeant un port invisible.

Dick Fann la montra à son compagnon.

— Quand nous aurons doublé cette pointe, l’aspect du rivage changera brusquement et nous pourrons atterrir.

On filait avec rapidité. Le cap semblait s’avancer sur les voyageurs à l’allure d’un train express. Encore cinq cents ; deux cents, cent mètres… et le rocher serait doublé. Le danger que les deux hommes fuyaient, danger qui n’existait peut-être que dans leur imagination, n’obscurcissait plus leur esprit.

La pointe, voici la pointe ! Déjà ils la dépassent. Au delà, ils aperçoivent une côte basse, montant par une pente douce jusqu’au plateau couronnant l’île. Bien loin au delà, la seconde île Diomèdes se profile en gris pâle sur l’horizon.

Mais, à ce moment, il se produit une chose inattendue, stupéfiante, dont personne n’a le loisir de s’expliquer la cause. Une sorte de bolide, de projectile noir, jaillit d’une crique de la côte, fonce sur la de Dion avec une vitesse vertigineuse.

Un choc se produit. Tous les passagers sont projetés pêle-mêle sur la glace. Et quand, étourdis, ahuris, Dick, M. Defrance, Jean se relèvent, ils cherchent vainement Fleuriane : la jeune fille a disparu. Mais, à sa place, un homme évanoui gît parmi les débris de la 30 HP.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Tous se précipitent vers l’inconnu.

Ils le regardent et, dans un hoquet d’épouvante, ils clament :

— L’ingénieur Botera !

Comment est-il là ? Pourquoi l’a-t-on abandonné ? Ceci n’a pas d’importance. Sa présence dit quel fut