Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/290

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l’assaillant. Botera dénonce Larmette. C’est le sinistre joaillier qui, avec sa machine de cent chevaux, a pulvérisé l’automobile de Dion ! C’est lui qui a enlevé Fleuriane.

Pourquoi cet enlèvement, cette attaque brutale ? Par quels moyens d’information a-t-il connu le jour exact du départ de ses adversaires ? Qui le sait ? Mais il était assurément renseigné. Il attendait là ses victimes. Il a frappé le coup qu’il méditait.

Parbleu ! Il a abandonné Botera, probablement projeté hors de la machine au moment du choc, parce que, seul contre les trois voyageurs, il n’a pas jugé prudent d’engager un combat.

Tant pis pour Botera, qu’il se débrouille ! Larmette, lui, s’éloigne à toute vitesse avec sa proie. Son automobile n’est déjà plus qu’un point à l’horizon. Elle disparaît derrière la seconde île Diomèdes. Dick, M. Defrance sont anéantis par ce coup subit.

Ils craignaient tout de l’instabilité du champ de glace, et le danger est venu d’un autre côté. Un danger qui leur fait regretter celui qu’ils redoutaient tout à l’heure. La débâcle, certes, c’était la mort, mais la mort prompte, foudroyante, laissant à peine place à la souffrance.

Tandis que Fleuriane au pouvoir de Larmette, c’est la torture sans nom, l’épouvante du crime, la honte pesant sur la jeune fille et sur ceux qui l’aiment.

Un appel jeté par une voix sourde les rappelle à eux-mêmes.

L’ingénieur a repris connaissance. Il s’agite sur la glace. Évidemment il ne se rend pas encore un compte exact de la situation. C’est pour cela qu’il a appelé.

Mais cette voix détermine l’explosion des colères étouffées par le chagrin.

Dick et ses compagnons bondissent vers le Péruvien. Ils l’entourent, le saisissent. Des cordelettes sont là, parmi les débris de la de Dion, ils s’en servent pour ligoter Botera, ahuri de l’aventure. Puis, obéissant à un désir de vengeance qui, à cette heure, prime tout chez lui, le détective gronde :

— Il faut juger et punir cet homme, ce complice du misérable…

— Me juger ? balbutie l’ingénieur, que ces seuls mots rappellent à la réalité.

Il voit ses gardiens sombres, l’air résolu, avec quelque chose de farouche dans les yeux. Il sent la peur le mordre aux moelles et, d’un ton pleurard, les phra-