Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/368

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fisamment étendu… Cinq ou six centimètres suffiraient

— Suffiraient à quoi ?

— Je me suis rendu compte que mes mains sont attachées derrière mon dos.

— Ce n’est pas pour faciliter votre gymnastique.

— Il faut se servir de ce qui est au lieu de le déplorer, fit l’Anglais doucement. Si j’élargis le fourreau de terre qui m’emprisonne, si je remonte mes mains d’un centimètre seulement, qu’arrive-t-il ? Mes  bras cessent de figurer une ligne rigide, et le salut n’est plus qu’une question de temps.

Si audacieuse apparut la conclusion, que l’auditeur de Dick Fann demeura bouche bée. Il n’osait interroger, se demandant si la raison de son compagnon avait résisté aux épreuves subies. Car, en quoi espérait-il se sauver, du fait que ses bras ne présenteraient plus une ligne rigide ?

— Si mes bras ne sont plus en ligne droite, reprit le détective, ils affecteront la forme d’une ligne brisée, d’un angle dont le coude sera le sommet. Cet angle pénétrera facilement dans le terrain meuble. J’aurai ainsi le point d’appui cherché. Je me soulèverai de peu d’abord, de quelques millimètres peut-être ; mais mes pieds quitteront le fond de la fosse et, opérant une série de mouvements en tous sens, feront glisser au fond des parcelles de terre, exhaussant ce fond. Si cette première partie de l’opération réussit, le succès est assuré, car la difficulté décroîtra proportionnellement au carré de l’exhaussement obtenu.

Un cri ponctua la phrase. Cette fois, Jean avait compris. Certes, l’instruction rudimentaire du gamin ne lui permettait pas de percevoir nettement comment la difficulté diminuerait dans la proportion indiquée, mais il sentait possible la délivrance prochaine.

Dick Fann coupa court aux manifestations joyeuses auxquelles il se serait peut-être abandonné.

— Ce sont des probabilités, non des certitudes, que je viens de t’exposer. La théorie est assurément exacte, reste à expérimenter la pratique. Ne parlons plus. J’ai besoin de toutes mes forces.

Une émotion profonde vibrait dans ces mots simples. Les mots empruntent aux circonstances leur valeur réelle. Tel vocable grandiloquent parait mesquin en certains cas. En d’autres, un banal monosyllabe