Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien. Les contrevents capitonnés ne laissent filtrer aucune clarté.

— Rassure-toi, cher ami. En ouvrant la porte, les volets se déclenchent du même coup.

Le joaillier avait saisi le bouton de la porte. Celle-ci s’ouvrit sans difficulté. Au même instant, les volets clos se rabattaient à droite et à gauche de la croisée, s’appliquant au mur avec un claquement sonore.

Les complices bondirent en avant, regardèrent autour d’eux et poussèrent un cri rauque, stupéfait.

Dick Fann avait disparu.

Et, phénomène incompréhensible, tandis qu’ils se considéraient, ahuris, ne trouvant pas une parole à se dire, la porte se referma avec un sourd retentissement, les volets obturèrent de nouveau les fenêtres, les plongeant dans une profonde obscurité.

Avant qu’ils eussent pu se rendre compte de ce qui leur arrivait, un léger déclic résonna, et une voix railleuse s’éleva, jetant l’épouvante dans leurs âmes.

— J’appuie sur la patère, dit-elle, vous m’entendez ? Bien. Je tourne le bouton des armoires radiantes. Dans dix minutes, vous ressentirez un malaise douloureux, qui s’accentuera jusqu’à vous donner l’impression d’être environnés de charbons ardents.

Horrible ! cette voix répétait les paroles prononcées durant la nuit par Larmette, et cette voix qui sonnait dans l’obscurité, les misérables croyaient la reconnaître. Celui qu’ils avaient pensé assassiner, Dick Fann, parlait.

— Dans quelques heures, vous serez tous morts. Vos corps, déjà dissociés en partie par le radium, se dissoudront aisément dans les touries d’acides azotique et sulfurique que vous avez en cave, et par le tout-à-l’égout, iront empoisonner de malheureux goujons, dans la rivière la plus proche.

D’un effort surhumain, Larmette parvint à rompre la paralysie qui l’étreignait à la gorge.

— Non, non, pas ce supplice. Pas cela. Tout, mais pas cela. La mort dans ces conditions est épouvantable !

— Alors, avouez vos crimes, vos mensonges, les ruses par lesquelles vous avez fait arrêter des innocents, encore emprisonnés à Moscou.

Larmette gardant le silence, hésitant à s’avouer vaincu, le détective reprit :

— Je vais vous laisser un quart d’heure de réflexion. Les radiations seront plus persuasives que moi.