Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/449

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Et dans la nef, où retentissait l’allégresse des chants célébrant l’hyménée, on remarqua une fillette vêtue à la russe, le kakochnik de fête couronnant sa chevelure d’or pâle, laquelle priait avec ferveur.

Nadèje, la petite Slave orthodoxe, ne s’inquiétait pas de savoir si le temple était consacré à l’Église grecque ou à l’Église romaine. La reconnaissance vraie est partout à l’aise pour s’exprimer. L’enfant appelait le bonheur sur la tête de ceux qui l’avaient délivrée de la misère et du crime.

Jean Brot se trouvait là également, avec un frac du bon faiseur, qui lui donnait un air du meilleur monde. Il remarqua la jeune Russe, l’extase peinte sur le visage où les tristesses de l’enfance abandonnée avaient gravé une ineffaçable mélancolie. Et il murmura :

— Faut travailler, Jean, et gagner la forte somme ; car, dans quatre ou cinq ans, cette petite Nadèje…

L’orgue entonna la marche nuptiale, comme pour compléter la pensée du gamin.


FIN