Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/64

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— C’est en effet ce que mande M. Lastin, le représentant. Au surplus, une lettre d’affaire n’est point un secret… surtout vis-à-vis d’un… client… Vous venez de déclarer l’avoir été… un peu de force.

— Oh ! sans intention de récriminer ; cela n’en vaut pas la peine.

— J’en suis assurée, monsieur, mais je tiens à vous donner lecture de la lettre, afin que vous me certifiiez que tout s’est bien passé ainsi qu’il y est raconté.

Pourquoi voulait-elle lire ? Elle l’ignorait, obéissant simplement à un signe rapide de Dick Fann.

« Mademoiselle, écrivait M. Lastin, je fus avisé, il y a quatre jours, d’avoir à me transporter chez MM. Larmette et Cie, rue de la Paix, où je trouverais un petit stock de quatorze cent cinquante corindons vulgaires, dont je me rendrais acquéreur pour le compte du trust de cette pierre.

« J’obéis aussitôt à ces instructions.

« Chez Larmette et Cie, je me rencontrai avec des représentants de la police, instrumentant à l’occasion d’un vol récent. Mais comme cette question judiciaire était en dehors de mes attributions, je ne m’en préoccupai point et déclinai le but de ma visite.

« Je dois déclarer toutefois que ces messieurs de la Préfecture et du Palais de justice insistèrent vivement pour que ma proposition d’achat fut agréée, afin de neutraliser, là comme ailleurs, les effets du pillage de radium naguère relaté tout au long dans les journaux.

« MM. Larmette et Cie ne firent aucune difficulté de reconnaître que la présence de ces pierres pourrait attirer à leurs magasins une nouvelle visite des « perceurs de murailles », ce qui ne leur paraissait aucunement désirable et, séance tenante, je traitai et payai à raison de deux francs vingt-cinq centimes le carat.

« Je devais m’embarquer sur le steamer la Touraine et porter moi-même les dits corindons à nos magasins de Québec ; mais au dernier moment, un accident regrettable m’oblige à retarder mon départ.

« Une corde, tendue dans mon escalier par un gamin en mal d’inventions diaboliques, m’a fait descendre tout un étage en boule, et cela si malheureusement que je me suis cassé la jambe. »