Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/107

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Le promeneur mystérieux parut examiner les alentours avec inquiétude.

— Oraï n’est pas au rendez-vous, chuchota une voix qui rappelait celle de Rana, ce qui dans l’espèce n’avait rien d’étonnant, car c’était la nourrice elle-même, dont la taille exiguë se cachait sous les plis amples du tchatra.

Et, après un instant :

— Aurait-il jugé mon intervention contraire au serment de Daalia ?

Elle frissonna en disant cela :

— Alors, il frapperait la pauvre enfant de son kriss meurtrier.

Elle se tut soudain.

Une forme humaine venait de surgir d’un massif de mangoustani, situé à peu de distance.

— C’est lui !

En effet, Oraï, le sacrificateur préposé par Miria-Outan à la surveillance de la fille de François Gravelotte, s’avança jusqu’auprès de la nourrice.

— Salut, Rana. Les génies de la nuit te soient propices.

— Qu’ils te couvrent de leurs faveurs, Oraï.

Tous deux saluèrent, lentement de la tête, puis Rana reprit :

— Est-ce le blâme, est-ce l’éloge que tu m’apportes, glorieux représentant des temples de M’Prahu ?

Le prêtre haussa les épaules :

— Ni l’un ni l’autre.

— Tu dis ?

— Ni l’un ni l’autre. Ta jeune maîtresse Daalia n’a rien fait contre son serment, puisqu’elle a laissé faire la première épreuve ; toi tu as agi selon les conseils du dévouement à tes maîtres, ce sont là choses naturelles, légitimes. Elles ne sont point dignes de louanges, mais elles ne méritent point le blâme.

Rana étendit les mains en un geste de remerciement.

— Alors, fit-elle, je puis continuer ?

— Tu le peux.

— Cette nuit donc, je partirai pour la Grande Hutte des Battas.