Tout autour des pavillons elle passa, ombre silencieuse, avec des contorsions simiesques, avec des paroles susurrées.
— Plus de lumière, tous reposent… Je puis aller faire la leçon aux porteurs.
Ainsi, elle parvint à une case spacieuse, affectée aux serviteurs préposés au service des palanquins, aux firaris.
Elle alla à la porte fermée par un simple loquet de bois. Elle l’entr’ouvrit.
— Nera pam ? (qui est là ?), murmura une voix.
— Ador enda eli, répondit Rana sans marquer la moindre surprise.
Il se produisit un mouvement dans l’ombre de la case, et Fargut, le chef des porteurs, apparut sur le seuil.
— Tu as besoin de moi, Rana ? fit-il avec respect,
— Oui.
— Je suis prêt à obéir au lait de mes maîtres[1], comme aux pangherans eux-mêmes.
— Bien, conduis-moi à la remise des palanquins.
Sans ajouter une parole, Fargut se mit en marche.
À cinquante pas, un hangar de bambou, recouvert de feuilles ligneuses d’une sorte de ravenela, dressait sa masse rectangulaire.
— Allumerai-je une lanterne ?
— Oui, j’ai besoin de voir clair pour faire ce que j’ai décidé.
— Bien. Sois satisfaite.
Un grésillement se produisit et une lueur rougeâtre permit d’apercevoir l’intérieur du hangar dont le Malais venait d’ouvrir la porte.
Plusieurs palanquins y étaient alignés.
Les sièges enveloppés de rideaux de soie, les brancards démontables dressés le long du mur, tout décelait l’ordre.
— Bien, fit la nourrice.
Sur ce seul mot, elle se glissa parmi les chaises a porteurs, se baissa un moment auprès de l’une, reconnaissable à ses draperies vertes.
- ↑ Ainsi désigne-t-on la nourrice en Malaisie.