Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/126

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leils d’or, cernés par le serpent emblématique du cycle de la vie.

— Je puis me mêler aux curieux ?

Le prêtre inclina la tête :

— Va. Oraï, représentant des dieux, te rend la liberté.

Le jeune homme ne se le fit pas dire deux fois. Il eut un salut ironique à l’adresse de son rival.

— Amusez-vous bien, cousin.

Puis il se perdit dans les rangs des indigènes, qui s’écartaient respectueusement devant lui.

Ni Fleck, ni son gendre présumé, n’eurent le loisir de s’appesantir sur l’inflexion railleuse dont Albin avait souligné ses dernières paroles.

Oraï se rapprocha d’eux :

— Lequel de vous aspire à la main de Hato ?

Vivement Fleck désigna son compagnon.

— Herr Niclauss, que voici.

— Bien, reprit le sacrificateur. Jeune guerrier, pour enflammer ton courage, tu vas être admis à contempler la fiancée de ton choix.

— Quelque laideron, grommela l’Allemand, troublé par l’attente de l’épreuve inconnue.

Mais Oraï avait frappé dans ses mains.

Par l’ouverture de la Grande Hutte, Gavrelotten vit quelque chose remuer dans la pénombre intérieure.

Ce quelque chose se rapprocha de la porte, se précisa. Enfin sur le seuil se découpèrent les silhouettes de deux personnes.

Une jeune fille, élégante dans son kamsinsri (corsage) de soie blanche à galons d’or, dans sa jupe courte vert d’eau brodée d’abeilles, symbole de l’hymen. À côté d’elle, se tenait un petit vieillard entièrement vêtu de jaune ; turban, veste courte, large pantalon flottant serré à la cheville.

— Voici Hato et son père, le valeureux Dougar !

Niclauss eut un cri de stupeur.

— Des teinturiers !

L’exclamation lui était arrachée par la couleur des nouveaux venus.

Ils avaient le visage bleu, d’un bleu éclatant, extraordinaire, qui faisait mal aux yeux.

— Ah ! bien, murmura-t-il, l’oncle François aime