Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les teintes variées. Il aurait bien dû épouser l’arc-en-ciel tout de suite, cela aurait simplifié la mission.

Mais Oraï parlait :

— Toi, éloigne-toi du poteau d’épreuve.

Ces mots s’adressaient à Fleck qui s’empressa d’obtempérer à l’ordre. Le sacrificateur se tourna alors vers Niclauss.

— Tu vois la belle Hato ?

— Il faudrait être aveugle pour ne pas la voir.

— Consens-tu à subir l’épreuve pour mériter sa main ?

Une seconde, Gavrelotten hésita, mais dominant ce commencement de faiblesse.

— Oui, fit-il avec une certaine fermeté.

— Bien !

Se rapprochant du poteau à le toucher, Oraï reprit :

— À seize ans, alors qu’ils sont devenus robustes et propres à supporter les fatigues de la guerre, les jeunes Battas sont amenés en ce lieu. Ils y prouvent le mépris de la souffrance et de la mort, mépris sans lequel ils ne pourraient passer de la caste des enfants dans celle des guerriers.

— Et comment démontrent-ils ce mépris ?

— Par le silence. Un guerrier ne doit pas se répandre en cris ainsi qu’une femme. Douleur, trépas, il doit tout envisager avec calme et sans se plaindre. L’exorde ne parut pas rassurer Niclauss.

— Alors, je dois affronter ?… 

— La douleur et la mort.

— Diable !

Une voix lança dans l’air :

— C’est une frime, mon gendre. Si on mourait réellement, est-ce que les gamins deviendraient guerriers !

L’apostrophe de Fleck ragaillardit l’interpellé.

— C’est vrai, au fait, je n’y songeais pas.

Et avec une charmante désinvolture :

— Allez-y, monsieur le curé batta, je suis prêt à tout.

Sans doute Oraï, sacrificateur de M’Prahu, ne comprit pas le sens du titre que lui donnait naïvement