Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/143

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— J’en suis sûr.

La confiance est communicative. Lisbeth n’insista pas, mais elle murmura d’un ton singulier :

— Pourquoi, ne vous ai-je pas rencontré plus tôt ? Que de complications eussent été évitées !

Mais elle secoua mutinement la tête.

— Enfin ! On ne peut faire que ce qui est ne soit pas. Désormais vous seul me conseillerez. En tout, pour tout, je ne veux suivre que votre avis.

Puis minaudant, avec on ne sait quelle timidité soudaine :

— Que pensez-vous de mon costume de voyage, vous semble-t-il de bon goût ?

Morlaix parcourut du regard la toilette bigarrée de sa compagne. Un embarras compréhensible se peignit sur ses traits. Seulement, l’indécision fut brève. Le digne garçon avait tous les courages :

— Ma foi, mademoiselle, je suis enchanté de la question. Vous me consultez, je vous dois la vérité. Eh bien, depuis que j’ai eu la bonne fortune de vous rencontrer, je m’étonne qu’une aussi jolie personne…

Le hurlement de la sirène couvrit la voix du causeur.

Le Wilhelm’n pénétrait dans le bassin du commerce, encombré de ferry-boats, de canots, de praos indigènes à l’avant relevé.

Il longeait les quais installés à grands frais par les conquérants hollandais, et bientôt, arrêté par ses puissantes amarres, il stoppait en face des bâtiments de la douane.

Comme par enchantement, le pont, désert tout à l’heure, s’était peuplé.

Les passagers apparaissaient à toutes les ouvertures. Européens, Chinois, Hindous, Siamois, Malais se pressaient, se coudoyaient avec des exclamations joyeuses :

— Enfin !

— Nous voici arrivés !

— La mer, c’est charmant, quand on débarque.

Et cent réflexions du même genre, démontrant l’influence néfaste du tangage et du roulis sur la presque unanimité des estomacs.

Niclauss, pâle, défait, le teint verdâtre, remorqué