Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/159

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digne cousin ne parait pas songer à se mettre en route.

Sur cette réflexion, il se blottit dans sa cachette, pour attendre le moment où Albin s’éloignerait et lui permettrait ainsi de rentrer dans sa chambre sans crainte d’être découvert.

Cependant, il ne perdait pas un des mouvements du jeune homme.

Celui-ci avait entr’ouvert le store. Ses regards avaient parcouru la chambre.

Un large fauteuil, dont le dossier était tourné vers la fenêtre, masquait presque complètement une femme qui y était assise.

À peine apercevait-on le sommet de la tête, couverte de cheveux très noirs, et un pan de robe débordant du siège.

— La compagne de celle que je crois reconnaître, se déclara Albin. Mais elle, où est-elle ?

Et se penchant, il discerna les pieds d’un lit.

— Malade, couchée, fit-il encore.

La tranche du mur lui cachait le chevet. Il s’agenouilla sur le rebord de la croisée. Dans cette position, il avait la tête, la moitié du corps dans la chambre. Le lit lui apparut tout entier. Sous les couvertures se dessinait vaguement la forme d’un corps. Sur l’oreiller blanc une tête de femme s’appuyait ; mais l’abat-jour de la lampe tenait cette tête dans l’ombre.

Impossible de distinguer les traits de la malade. Impossible d’éclaircir le doute obsédant qui, durant tout le jour, avait assiégé le cerveau du voyageur.

Une rage inouïe gronda en lui à cette constatation.

Le destin se jouait de ses transes, de ses inquiétudes.

— Dans deux heures, le jour viendra. Partirai-je sans être certain que ce n’est pas là celle dont le souvenir me poursuit ? Et puis-je refuser de partir sans être assuré que c’est elle ?

Le résultat de ce dilemme fut qu’Albin enjamba la fenêtre.

La personne installée dans le fauteuil avait dû s’en dormir, cédant à la fatigue, car elle ne faisait aucun mouvement.