Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/255

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dormeuses sur leurs nattes sans troubler un instant leur repos.

Costumées sans le savoir en danseuses, les Anglaises, toujours à leur insu, dormaient dans le palais des bayadères du Sultan de Djorkjokarta.

Il y eut autour d’elles des trottinements menus, des rires étouffés, des formes féminines curieuses.

Au nombre des indiscrètes, on eût pu reconnaître Darnaïl, qui, abandonnant momentanément son commerce, venait remplir ses fonctions officielles et sacrées de bayadère.

Et Darnaïl riait plus que les autres, car on lui avait notifié un ordre, du Sultan, d’après lequel le lendemain, à la réception des nobles étrangers, son nom, sa personnalité, appartiendraient à la gentille Anglaise qui sommeillait avec autant d’innocence que de profondeur, sous ses yeux.

Cependant, Albin Gravelotte et Morlaix, munis de tous les renseignements que Lisbeth leur avait confiés, rentraient à la Résidence.

— Ça se complique, murmura le domestique ami.

— Il me semble, riposta son compagnon.

— L’oncle François parle de huit fiancées qu’il n’a pas et il a une fille dont il ne parle pas. Comprends-tu toi ?

Albin secoua la tête :

— J’ai une idée. Est-ce la bonne ?

— Dis toujours ?

— Cette fille, je l’ai vue… nous l’avons vue à Sumatra.

— Admettons… après ?

— C’est elle que j’ai retrouvée à Batavia, et dont le voile bleu nous a conduits jusqu’ici.

— Après ? après ?

— Eh bien, c’est elle qui a ravi mon cœur… et puisque les autres fiancées ne sont qu’un mythe, c’est elle que j’épouse.

Un éclat de rire moqueur de Morlaix l’interrompit.

— Quoi ? cela ne te parait pas clair.

— Au contraire.

— Alors ?

— Alors, pourquoi ces imaginations dans lesquelles nous nous débattons ?

— Voilà qui m’est indifférent.

— Je m’en aperçois. Pourtant, c’est là ce qu’il