Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/267

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un rugissement d’agonie, une crispation furieuse des griffes du félin et ce fut tout.

Le monstre, frappé au cœur, était mort.

Cette fois, Gravelotte avait compris.

Terrifiante mise en scène, absence de tout danger !

Il se tourna vers son cousin pour l’encourager.

Hélas ! Niclauss s’était mis le visage contre terre, les mains crispées sur ses yeux, marmottant des paroles incompréhensibles de prière à un Infini, dont sa conscience déshonnête n’avait certainement pas invoqué le nom jusqu’à cette heure.

Et sous les vociférations de la foule, laudatives à son égard, méprisantes pour son compagnon, Albin s’exalta.

Puisque son cousin renonçait, lui-même accomplirait seul la besogne. Un Français viendrait à bout de deux tigres.

Sans la moindre émotion, il piqua droit vers le second félin. Celui-ci ne l’attendit pas, il s’enfuit, tournant en cercle entre les lances des guerriers.

Si aiguës devinrent alors les cris des assistants que Niclauss, du fond de son épouvante, en perçut quelque chose.

Il eut l’impression qu’un fait nouveau se produisait, et mû par une soudaine espérance, il se redressa sur son séant.

Mal lui en prit.

Le tigre apeuré, toujours fuyant au trot, vint donner dans ce corps brusquement surgi devant lui. Le choc rejeta Niclauss face contre terre, et cela si violemment que le nez de l’infortuné porta en plein sur les dalles de marbre.

On a beau avoir un nez… d’artilleur, sa résistance au choc est notablement inférieure à celle du marbre.

Il se produisit donc un écrasement, qui eut pour conséquence une hémorragie abondante.

Or, durant que la foule accueillait l’incident par des huées, qu’un lancier compatissant introduisait le fer de sa lame, entre la chemise et le dos de l’Allemand, au lieu et place de la clef classique par laquelle les commères de l’Occident prétendent arrêter les saignements de nez, Albin continuait à pourchasser le tigre affolé.

Soudain la fauve prit un parti désespéré.