Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/332

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gnons et, de plus, mon ami Morlaix et Mlle  Lisbeth.

« Comment tout cela a-t-il été conduit ?

« Comment nos geôliers sont-ils au courant de nos petites affaires ?

« C’est là une charade que je renonce à deviner.

« Toujours est-il que, ce matin, on me conduisit devant un jeune homme qui, nonobstant son teint cuivré, est un fort joli garçon. Il me considéra un instant, avec l’air profond d’un photographe.

« — Je suis Moralès l’insaisissable, me dit-il enfin.

« — Ah ! ah ! répondis-je. L’insaisissable, je voudrais bien être à votre place. »

À ce moment, Mrs. Stiggs se mit à agiter ses bras, à rouler ses yeux comme si elle était en proie à une véritable attaque de nerfs.

— Moralès, ce misérable, fit-elle d’une voix étranglée.

Quant au capitaine, il avait pâli, en adressant un mauvais regard à Antonio, toujours absorbé en apparence par la contemplation de la mer.

— Qu’est ce Moralès, interrogea curieusement Daalia ?

— Un chef rebelle qui nous échappe toujours, d’où le surnom dont il se pare.

— Un drôle, reprit Anita.

Et les dents serrées :

— Il m’a fait, la plus mortelle injure qu’un homme puisse infliger à une femme.

— Injure imméritée, susurra l’officier cherchant à câliner son irascible moitié.

— Je le sais bien.

— Alors, pourquoi ce courroux ?

— Parce qu’il m’a rendue la fable des chulas (femme du peuple) de Manille.

Et s’adressant à la fille de François Gravelotte, la créole continua :

— Figurez-vous qu’un jour, au début de notre séjour ici, nous avions fait une partie de campagne. Breaks militaires, femmes et filles d’officiers et de négociants. Mon cher mari était retenu par le service au fort, mais il m’avait gracieusement encouragée à être de la partie.

« Or, à cinq kilomètres de la ville, toute notre bande fut capturée par la troupe de ce coquin de Moralès.