Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/337

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Quand celui-ci eut achevé, il releva la tête et aperçut les deux femmes penchées encore sur le papier.

— Vous avez lu, fit-il d’un ton de mauvaise humeur ?

— C’est un valeureux gentleman, clama la créole enthousiasmée.

Pour Daalia, elle murmura doucement :

— Je vais partir avec le messager.

— Partir ?

— Oui. Qu’importe une rançon, si lourde soit-elle, pourvu qu’il vive.

La jeune fille montrait ingénument son âme. Librement élevée au milieu de la nature, elle ignorait les fausses pudeurs de l’Europe. Son cœur était allé à Albin, elle le disait loyalement sans soupçonner qu’en une société moins sincère, il se fût trouvé des gens pour critiquer sa franchise.

En Amérique, on comprend cette façon d’être, mais le capitaine n’était pas seulement un citoyen américain, il représentait aussi l’armée de la grande république fédérative.

Par profession, par position, il ne devait ni pactiser, ni permettre que l’on pactisât avec les rebelles.

Ce fut donc d’un ton gourmé qu’il répliqua :

— Le messager partira seul.

— Comment, seul.

— Oui, car je ne saurais vous autoriser à le suivre. Le drapeau de l’Union flotte sur cette redoute, et toute concession faite à ces bandits, qui se décorent du titre d’insurgés, lui serait une insulte.

Mais les prisonniers…

— Mieux vaut leur mort qu’une tache à mon drapeau.

Et comme Daalia se tordait les mains.

— Au surplus, je vais ordonner une battue dans la région du rio Marilao. Mes ordres expédiés, je rendrai la liberté à ce « visage de couleur », puisque aussi bien vous m’avez arraché cette promesse.

Sur ces mots, il s’éloigna, se dirigeant vers les bâtiments du télégraphe sans fil, reconnaissables à leur mât de transmission qui se dressait au-dessus des casernes, logis des officiers, poudrière et autres constructions annexes du fort.

Daalia le regardait, les yeux hagards, les bras étendus, en un geste suppliant.

La réponse, courte