Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Chargez les soupapes.

La voix du commandant tremble en lançant cet ordre. L’officier sait qu’il crée un danger nouveau. Les soupapes fixées, la pression dans les chaudières dépasse la normale ; le moindre défaut de construction peut provoquer une explosion. Mais tel est l’état nerveux général que nul ne proteste, même à voix basse. On ne voit plus le péril. Une seule idée hante les cerveaux ; donner plus de vitesse que le point noir qui file, file à l’horizon.

Un rugissement de colère retentit sur le pont, auquel le mouvement endiablé de l’hélice communique une trépidation incessante. L’autre aussi a dû charger ses soupapes, car le croiseur russe ne le gagne pas d’une ligne.

Et on marche à vingt-quatre nœuds cinq dixièmes.

La lutte n’est pas possible. Quel est donc cet adversaire ignoré ? À quelle marine appartient-il ?

Le commandant comprend l’inanité de ses efforts. Il fait décharger les soupapes, reprendre la marche normale. Et son ironique convoyeur fait de même.

En tout cas, il n’y a plus de doute. Le bâtiment étranger ne veut pas perdre de vue le Varyag. Toutes ses manœuvres le démontrent.

Est-il ami ou ennemi ? S’il est ami, pourquoi fuit-il ? S’il est hostile, pourquoi ne cherche-t-il pas le combat ?

Sauf Fleck et son « gendre » que leur humanité rend malades de terreur, tous les passagers sont sur le pont, agités, nerveux, discutant avec les officiers.

Si on les écoutait, on enverrait au bateau inconnu un projectile de deux cent cinquante kilogrammes. On verrait bien comme il répondrait à cette « carte de visite » !

Daalia, Lisbeth, Mrs. Doodee, Mable, sont plus montées encore que leurs compagnons de voyage.

Eléna accuse les officiers russes de mollesse, presque de pusillanimité.

— Si j’étais sur un navire anglais, dit-elle avec orgueil cela ne se produirait pas. Un marin anglais ne tolérerait pas qu’un vaisseau fasse la nique au sien. On déploierait le pavillon et on l’appuierait d’une bordée de toutes les pièces en état d’atteindre lea mauvais plaisant.

Et Mable glousse furieusement :