Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/402

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— cela serait ainsi, car cela serait droit !

Ce qui semble amuser fort Rana, laquelle assiste indifférente à l’aventure. Sans doute, la nourrice ne comprend pas très bien les questions d’influence qui, en Extrême-Orient, divisent les blancs et les jaunes.

Pour elle, un seul être est dangereux : le sacrificateur Oraï. Or, on l’a laissé bien loin en arrière, qu’importe le reste.

La journée s’écoule, le dîner a lieu, rapide, sans bavardages. La conversation languit sous la constante préoccupation de tous.

Le repas expédié, on remonte sur le pont, presque en courant.

Le steamer inquiétant se profile encore sur l’horizon.

Et comme l’on murmure contre le commandant qui, à défaut d’autre chose, pourrait charger ses canons d’ouvrir les relations avec le vapeur lointain, cet officier sourit et répond :

— Attendez.

— Attendre quoi, protestent ceux qui l’entendent.

— La nuit noire.

— Vous ne le verrez plus, alors.

— Pardon, ses feux nous indiqueront sa situation.

— Vous voulez canonner ses feux.

— Qui vous parle de cela. Seulement l’obscurité étendue sur la mer, nous éteignons nos fanaux, nous masquons nos cheminées afin d’éviter tout rayonnement, et invisibles alors, nous marchons droit sur le camarade.

— Pour le surprendre, bravo !

Le projet du capitaine se transmet de bouche en bouche. On le discute ; on le commente.

Les faces s’éclairent. Ce bâtiment qui nargue le Varyag, on lui fera une niche, à laquelle il ne s’attend pas.

Les heures passent.

Le soleil s’est englouti sous les eaux. Les lueurs qu’il a laissées après lui se sont peu à peu adoucies ; elles ont pâli, perdant leur clarté, leurs tons vifs, se fondant en une teinte uniforme et grise.

Ce gris lui-même a fait place à l’indigo profond de la nuit.

Il n’y a pas de lune ce soir, seules les étoiles répan-