Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/81

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— Mais je regrette d’avoir juré.

— Trop tard !

— Je maudis ma sotte pensée. Je veux y renoncer.

— Tu le peux.

La jeune fille eut un cri de joie.

— Je le puis, alors…

— Attends que j’achève. Tu es libre de renoncer, mais à une condition ?

— Laquelle ?

— Renoncer en même temps à la vie.

— Comment ? Mourir ?

— Sans doute. Ne te souviens-tu plus des termes dans lesquels tu t’es engagée vis-à-vis du tout-puissant M’Prahu ?

Daalia se tordit les mains.

— Mais je ne veux pas mourir ! commença-t-elle…

Miria-Outan l’interrompit :

— Alors, agis ainsi que tu l’as promis à la divinité. Du reste, pour te donner la force de rester fidèle à la parole donnée, je vais t’assurer un compagnon qui, en toute circonstance, te rappellera que renoncer, c’est mourir, qu’exécuter le pacte, c’est vivre.

Et à l’appel du grand prêtre, un Malais parut.

Sec, nerveux, agile, drapé dans une tunique grise aux parements jaunes, ce nouveau personnage provoqua chez la fille du planteur un douloureux frisson.

Elle l’avait reconnu. C’était un des sacrificateurs qui répandaient le sang des victimes sur l’autel de basalte de M’Prahu.

— Oraï, prononça Miria-Outan, tu vois cette jeune fille ?

— Oui, grand prêtre.

— Elle a prononcé le vœu des huit vertus du guerrier.

— Bien.

— Elle est jeune. Son âme est faible. La grandeur du devoir lui donne le vertige. Elle a peur de ce qu’elle a promis.

Un froissement d’acier résonna. Oraï venait de tirer du fourreau un kriss à la lame contournée. Daalia poussa une exclamation de terreur.

Gravement, le sacrificateur éleva son arme au-dessus de sa tête :