Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/91

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Le silence apparent de Gavrelotten passa poeur une approbation des paroles d’Albin, et l’oncle François, s’étant incliné, s’écria :

— Alors, mes beaux neveux, la lutte va commencer à l’instant. Je vais vous présenter à la première de mes épouses, Rana, fille du chef batta, qui me sauva la vie, sous la condition expresse que sa descendante vivrait en mon habitation et qu’elle ne serait contrariée en rien.

Sur ces mots, il sortit, laissant les rivaux seuls en présence dans le salon.

Aussitôt, les deux groupes se prirent à chuchoter avec animation, de façon que les phrases prononcées n’arrivassent pas aux adversaires :

— Ridicule, votre moyen, grondait Niclauss. Une partie de cartes. Les millions au hasard !

— Erreur, Herr Gavrelotten, les millions à l’adresse.

— Si vous me prouvez cela ?

— Chut ! le jeu de cartes sera préparé par moi.

— Préparé ?

— De la sorte, il vous suffit de décider une seule des huit épouses battas à vous confier le soin de son bonheur. Vous laissez ce nigaud de Français s’escrimer contre les sept autres, et quand, péniblement, il les ramène, vous les lui gagnez en cinq sec ; vous le renvoyez dans son pays, et nous menons au succès la petite combinaison dont je vous parlais tout à l’heure.

Niclauss serra énergiquement les mains de Fleck, tandis que Lisbeth, transportée d’aise, murmurait avec ferveur.

— Oh ! papa, tu es un vrai Pétunia.

— Quoi ?

— Esprit pratique.

Cette fois, le langage des fleurs ne choqua pas l’entendement de Gavrelotten.

— Très bien, dit-il, très bien. Votre fille a raison, monsieur Fleck. Désormais, je vous conserve un nom si bien justifié. Vous resterez dorénavant pour moi : papa Pétunia.

De son côté, Albin parlait à Morlaix :

— Nous connaissons les projets réels de ces Alle-