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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

— Erreur de temps…

— Vous dites ?

— Que je l’ai retrouvée…

— Vous ?

Max avait élevé la voix. La duchesse lui saisit le bras.

— Chut ! Ils sont tout près.

— Eux ?

— Oui. J’ai assez facilement découvert leur repaire. Nous l’avons abordé d’un côté, où la clôture court en plein bois. Les buissons à l’abri desquels j’observais tout à l’heure sont la clôture même. Comprenez-vous ?

— Certes, murmura-t-il tout étourdi de l’œuvre accomplie durant son sommeil par sa vaillante compatriote.

— Or, reprit-elle, voici plus d’une heure que… j’espionne, et j’ai acquis la certitude, très importante dans notre situation.

Elle s’interrompit brusquement :

— Mais auparavant, venez voir vous-même.

Il mit pied à terre, se laissa conduire au point où il avait aperçu Sara un instant plus tôt. Tout bas, elle, murmura :

— Couchez-vous sur le sol. Entre les tiges, vous apercevrez l’intérieur du parc et la maison qui sert de prison à nos amies.

— Que nous supposons leur servir de prison, rectifia-t-il.

Mais la duchesse secoua la tête.

— Je ne suppose plus, je suis certaine.

— Comment pouvez-vous ?

— J’ai vu.

— Violet ? Mona ?

— Oui.

Il s’étendit sur le sol, et à travers les interstices des tiges pressées de la haie épineuse, il coula un regard avide.

Un instant, il ne vit rien, mais après la rapide recherche d’un point favorable, il découvrit une petite meurtrière, vide ménagé par le hasard dans l’enchevêtrement des branchages, passage étroit par lequel sa vue put forcer l’entrée du parc.

Une pelouse, ombragée de grands cerisiers de plein vent, au-dessus desquels des palmiers dressaient leur panache ainsi que des parasols[1] ; une pelouse étendait son manteau vert jusqu’à la façade de bois d’une

  1. C’est grâce à l’ombre des palmiers, que l’on parvient, dans la zone torride, à faire prospérer les arbres fruitiers d’Europe.