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MISS MOUSQUETERR.

— Il nous reste un peu de bois, de thé, de biscuit ; rallumons le feu, reprenons des forces, et tenons conseil, afin d’employer le plus utilement possible le petit nombre d’heures que, selon toute probabilité, nous avons encore à vivre.

Cependant, Sara, un peu pâle, mais les gestes précis et fermes, avait rallumé le feu. Violet se mit en devoir de préparer le thé.

Et tandis qu’une bouilloire chantait doucement sur la flamme dansante, des répliques définitives s’échangèrent entre ces malheureux perdus dans le désert de neige.

Max possédait une petite boussole.

Grâce à cet instrument, il s’efforcerait de guider ses compagnons vers l’Ouest, dans la direction du lac Balkhach. Atteindre les plaines basses où dort la vaste nappe d’eau serait le salut.

Certes, les rives marécageuses sont peu habitées, mais quelques familles de pêcheurs y résident néanmoins. On trouverait là du secours, des vivres, et probablement un guide pour mener les voyageurs dans les traces de l’armée anglo-russe.

Le thé ayant été versé, chacun absorba sa part du bienfaisant breuvage. Puis, la tente de feutre démontée, fut divisée en morceaux, dont tous prirent leur part.

Ainsi chargée, la petite troupe se mit en marche, précédée par Max, qui consultait fréquemment sa boussole.

Hélas ! le jeune homme dut bientôt reconnaître qu’il lui était impossible de suivre la direction convenue.

On eût pensé que, pendant la nuit, les obstacles avaient été amoncelés par des géants. Des masses rocheuses branlantes, des cavités infranchissables barraient la route à chaque instant, contraignant les voyageurs à d’incessants détours, et le romancier, avec une rage désolée, constata que, en dépit de tous ses efforts, il était sans cesse rejeté vers l’Est, c’est-à-dire vers l’opposite du point à atteindre.

Il lui était inutile d’exprimer sa déconvenue. Ses sourcils froncés, l’altération de son visage, renseignaient suffisamment ses compagnons, leur communiquant l’angoisse dont il était étreint.

Et cette angoisse se changea en abattement quand, après plusieurs heures de marche, tous ayant gravi une pente relativement douce reconnurent, au sommet, qu’ils dominaient la dépression qu’ils avaient quittée le matin.

Malgré eux, de par l’inconsciente poussée des obstacles amoncelés devant