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MISS MOUSQUETERR.

s’écoule en un mince ruisselet, tiède au départ, bientôt refroidi et congelé.

Les rares caravaniers, parcourant ces régions désertes, connaissent bien la petite source chaude. Ils la nomment Cristal d’Été. Elle ne gèle jamais, et par suite, c’est un point d’eau réputé dans ces solitudes de rocs et de glaces.

C’est là que master Joyeux et Sourire ont conduit les voyageurs, au soir du troisième jour de marche.

— Le lendemain, a annoncé le gamin, on parviendra au poste A.

Il faut camper, dormir, car la dernière étape sera rude. Elle devra s’opérer à travers une région tourmentée, hérissée d’obstacles.

Mona, Sara, Violet se sont assises sur le sol, à l’abri de l’auvent. Elles sont attristées. Elles ont quitté, trois jours avant, le camp anglo-russe, et depuis, une fatalité persistante les a mises dans l’impossibilité de communiquer avec les prisonniers du Réduit Central.

Elles ont peur. De quoi, elles ne le sauraient exprimer ; mais les étrangetés scientifiques qu’elles ont coudoyées, leurs ont appris à croire possibles des choses qu’auparavant elles auraient jugées irréalisables.

La disparition du poste R, de l’Antenne 25, constatés par leurs jeunes guides, devient en leur pensée un point d’interrogation menaçant.

Pourquoi cette disparition ? Qui donc eut intérêt à la produire ? Tout bas, sans hésiter, chacune se répond :

— Une volonté ennemie.

Quelle volonté ? Il leur est impossible de lui appliquer un nom ; mais cette volonté n’en existe pas moins, son but n’en est pas moins évident. Empêcher les voyageurs de s’entretenir avec Dodekhan et Lucien.

Comme on le voit, les jeunes femmes se trompaient. San, dans sa rage d’être vaincu, avait détruit pour son plaisir, ignorant encore que les jeunes femmes avaient renoncé à la protection des soldats anglo-russes.

Soudain, Max Soleil qui s’était écarté, se présenta à l’entrée de l’auvent. Le romancier semblait hors d’haleine.

— Que se passe-t-il donc ? interrogea Miss Violet frappée par son trouble.

— Je viens de gravir la falaise.

— Pour jouir du paysage, plaisanta gaiement la jeune fille…

— Parfaitement ! J’avais remarqué que la chute d’eau tombe du faîte même de la falaise à laquelle s’appuie notre abri.

— Nous l’avons toutes remarqué, approuva la blonde Miss, ce n’était pas une raison pour entreprendre une escalade à tout le moins pénible…

Il l’interrompit vivement :