Page:J. M. C.- Précis des gémissemens des sang-mêlés dans les colonies françoises, 1789.djvu/6

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la vindication, et des intérêts odieux, sous le nom de corvée, molestent, fatiguent et emprisonnent ses malheureuses victimes.

Il nous fut ordonné personnellement de faire les travaux des esclaves dans les anciens Gouvernement, dans les Bureaux des Classes. Il y eut plusieurs Ordonnances pour nous défendre habit taffetas, voiture, robe, etc. ; d’autres, portant atteinte à notre probité pour l’emploi des métaux ; quelques défenses aux Maîtres ès-arts, afin de limiter leurs instructions pour nos enfans. Il fut agité de nous ôter toute propriété dans les Villes, de nous faire marcher pieds nuds, et de nous rendre esclaves pour dette.

À notre dégradation et impuissance civile, se joignent des licences, des humiliations, des indignités les plus cruelles, de la part des Blancs les plus vils, dans nos amusemens, dans nos fonctions subalternes, jusque dans nos actes les plus sérieux, les plus authentiques, même aux pieds des Autels : à notre égard, rien n’est sacré, pas même notre existence. Il ne faut qu’entrouvrir les fastes des Archives, s’ils sont respectés du préjugé, pour être étonné de voir à quel excès de déprédation on a porté son despotisme