Page:JORF, Débats parlementaires, Chambre des députés — 28 décembre 1885.pdf/7

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je faisais. (Nouvelle et vive approbation à droite.) Il faisait sciemment ce qu'il faisait. Je n'ai pas à le juger, mais enfin, sciemment il m'a interdit la tribune à deux reprises différentes. (Applaudissements à droite.)

Voix à gauche. Il a bien fait. Il a obéi à la Constitution !

M. Audren de Kerdrel. C'est possible, monsieur, cela vous est facile à dire. Je ne juge pas la conduite de M. le président, je dis seulement que mes paroles avaient été au moins entendues, et que si elles ne devaient pas figurer textuellement au procès-verbal, — car je ne cours pas après l'impossible, — elles devraient au moins y être résumées.

Eh bien, je fais appel à votre loyauté... (Bruit à gauche. — Exclamations ironiques à droite.)

M. Paul de Cassagnac. Ne parlons pas des absents.

M. Maurice Faure. C'étaient de simples interruptions, et dès lors il n'y avait pas lieu de les insérer au procès-verbal.

M. Audren de Kerdrel. Je le répète, messieurs, je fais ici appel à votre loyauté... (Nouvelles exclamations à gauche) ...et je m'étonne, et je regrette de la trouver sourde. (Très bien ! très bien ! à droite.)

Je ne vois de rectification possible au procès-verbal que celle-ci...

Un membre à gauche. Vive la République ! (Rires à droite.)

M. Paul de Cassagnac. Oui, elle en a besoin, car elle est bien malade ! (Approbation à droite. — Rires ironiques à gauche.)

M. Audren de Kerdrel. Je ne répéterai plus le mot puisqu'il vous choque, mais ce que vous me permettrez de vous dire en très peu de mots... (Non ! non ! à gauche. — La clôture ! — Aux voix !)

M. Buffet. M. le président a déclaré qu'il n'y avait pas de règlement. Cette déclaration au moins devait figurer au procès-verbal (Aux voix ! aux voix ! sur un grand nombre de bancs au centre et à gauche.)

M. Audren de Kerdrel. J'allais constater moi-même cette déclaration, surprenante dans la bouche d'un président.

M. le président. Je demande à l'orateur la permission de lui faire observer qu'il y a deux sortes de compte rendus : il y a d'abord le comte rendu in extenso où toutes les paroles que M. Audren de Kerdrel a prononcées, bien qu'il n'en eût pas reçu l'autorisation...

M. le baron de Lareinty. Il n'en avait pas besoin ! Il usait de son droit !

M. le président. ...seront consignées ainsi que les réponses que j'y ai faites ; par ce compte rendu toute satisfaction est donc donnée à l'orateur.

En second lieu, il y a le procès-verbal, rédigé au cours de la séance, et qui ne fait que constater les actes de l'Assemblée. Ce procès-verbal a été rédigé comme tous les procès-verbaux de cette nature. (Approbation à gauche.)

Maintenant, monsieur de Kerdrel, vous pouvez continuer votre rectification.

A gauche. Non ! non ! (Bruyantes réclamations à droite.)

M. le président. Mais, à propos d'une rectification prétendue, vous ne recommencerez pas une tentative à laquelle l'Assemblée s'est déjà opposée (Très bien ! et applaudissements à gauche.)

M. Audren de Kerdrel. J'ai commencé par dire que je ne confondais pas le procès-verbal avec le compte rendu in extenso destiné au Journal officiel ; mais j'ai demandé qu'il y eût au moins quelque chose dans le procès-verbal. Je n'y trouve absolument rien que le vide. (Très bien ! à droite.) Eh bien, je ne vois qu'un moyen de combler ce vide : c'est que vous me permettiez de dire en peu de mots ce que je venais de faire à la tribune. (Non ! non ! à gauche.)

Ce que je venais y faire, c'était une proposition au nom de la minorité de l'Assemblée nationale...

A gauche. Non ! non ! Assez ! (Bruit général.)

M. de Baudry d'Asson. Lisez votre proposition, monsieur de Kerdrel.

(M. de Kerdrel descend de la tribune.)

M. le président. L'Assemblée nationale a entendu la demande de rectification.

Je consulte l'Assemblée nationale... (Vives interruptions à droite.)

(L'Assemblée nationale consultée décide que la rectification ne sera pas insérée au procès-verbal.)

M. Audren de Kerdrel. Je proteste de toutes mes forces. Vous ne pouvez pas me retirer la parole.

Un membre à droite. C'est une violation de la liberté de la tribune. (Oui ! oui ! sur les mêmes bancs.)

M. le président. M. le comte de Juigné avait demandé la parole. (Bruit. — Interruptions diverses.)

Personne ne demande plus la parole ?...

Je mets aux voix l'adoption du procès-verbal.

(Le procès-verbal est adopté.)

M. le président. La séance est levée.

Sur un grand nombre de bans à gauche et au centre. Vive la République !

(La séance est levée à cinq heures.)