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LE TOUCHER MUSICAL.

en raison du courant rythmique communiqué au mouvement, n’est pas ressenti par l’organe même qui doit le percevoir, n’agit pas sur les représentations de poids ; 2o qu’au contraire, une atténuation même de l’effort peut renforcer ces représentations si cet organe est peu à peu alourdi, non pas par le poids soulevé, mais par le caractère rythmique communiqué au mouvement.

On peut donc, soit en changeant la localisation de l’effort, soit en changeant le caractère rythmique du mouvement, créer une loi de compensation. Dans le premier cas, la main agit comme si elle soulevait un poids très léger ; dans le deuxième, comme si elle soulevait un poids très lourd, et corrélativement les représentations de poids se transforment comme se transforment les différents caractères rythmiques dont le mouvement est animé ; de sorte que le mouvement artistique qui suscite la sensation d’avoir une légèreté croissante, produit, s’il est exécuté en tenant un poids à la main, réellement la sensation de l’allégement de ce poids.

Ces rapports jettent une lumière inattendue sur l’influence des rythmes dans les processus psychiques.

L’état d’âme est définissable par les rythmes que nous ne percevons pas encore, mais qu’il faut apprendre à percevoir. On n’écoute pas seulement à travers les rythmes ; c’est à travers les rythmes qu’on voit, qu’on sent, qu’on agit.

Pour apprécier la valeur des perceptions dans leur corrélation avec les mouvements, il faudrait avant tout apprendre à apprécier la valeur de l’action rythmique des mouvements. Les variétés rythmiques