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LE TOUCHER SPHÉRIQUE

Cette inconscience de la vue qui a existé et dont je me rendais compte provenait de ce que la proportionnalité des phénomènes visuels n’était pas formulée dans mon regard — j’ai vu sans voir.

En effet, par l’introduction d’un nouveau rythme, en corrélation avec de nouvelles dimensions, tous les rythmes et toutes les dimensions précédentes doivent se modifier. Comme dans les unités nouvelles du toucher sphérique, une corrélation s’établit entre la sensation de voir quelque chose de nouveau et la sensation de voir corrélativement toutes les sensations préexistantes se modifier.

Notre conscience ne perçoit que dans la mesure où la proportionnalité a pu être établie entre tout ce qu’elle voit ; ce qui ne rentre pas dans cette proportionnalité inconsciemment calculée reste en quelque sorte ignoré, inaperçu — on le voit sans le voir.

Les phénomènes de la conscience dérivent d’une force accumulatrice qui n’existe que parce que tout ce qu’elle accumule est assez différencié pour que rien ne soit concevable en dehors des différenciations proportionnelles accumulées. Les phénomènes de la conscience sont en réalité des phénomènes d’évolutions rythmiques continues, dont la complexité dépasse notre imagination, mais qui laissent des traces profondes en nous. Car le fait que la souvenance existe peut provenir de ce que les rapports des rythmes étant tous perçus proportionnellement, les unités nouvelles dérivent les unes des autres et se contiennent les unes les autres.

Pour cette raison, chacune d’elles subsiste en