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LE TOUCHER MUSICAL

dans l’empreinte circulaire précédente, très légèrement et lentement comme si l’on calculait, par l’analyse mentale des sensations, le dessin linéaire réalisé par la représentation simultanée de toutes les lignes digitales dont il se compose.

Il est à supposer que si, dans ces coordinations linéaires affinées provoquées par les mouvements de va-et-vient des doigts, la conscience arrive à percevoir simultanément la totalité des séries linéaires qui se forment, c’est que, au-dessous de ce phénomène conscient, la vue mentale inconsciente perçoit aussi l’unité géométrique de la structure linéaire des pulpes.

C’est à cette totalité de perceptions que doit se ramener cette action complexe d’orientation linéaire unifiée, acquise dans le toucher.

Ces voies ouvertes démontrent l’ordre qui doit être établi pour que la pensée circule dans les voies périphériques ; circulation qui, comme nous l’avons dit, s’identifie avec la vue mentale.

Mais, dans ce triple toucher, les voies ouvertes se ferment (pour ma sensibilité du moins) dès que je cherche à me servir du pouce, de l’index et du médius gauches (voir fig. 14).

Dans ce toucher, la position initiale des trois doigts gauches n’étant pas la même, l’équilibre ne peut se faire ; la fusion des trois surfaces mises en contact avec la bille ne peut être obtenue parce que ces surfaces sont groupées en trois directions différentes comme s’il y avait trois volontés distinctes en jeu. Ignorante de l’erreur commise, l’intelligence attribue les angles provoqués dans l’orientation divergente