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LES SENSATIONS DE SURFACES

trôle, s’il est incapable d’observer que sa pensée cesse d’être localisée à l’endroit voulu au moment où la pression prend une direction différente.

Il s’agit ici de phénomènes subtils qu’on ne peut vraiment provoquer que lorsqu’on a une conscience tactile très développée.

Précisément, il s’effectue, par l’évocation de ses rapports attractifs, une modification caractéristique dans l’échelonnement des pressions transmises aux touches. Dès que l’interprète arrive à se représenter l’orientation terminale des lignes digitales mises en contact avec le clavier, il constate qu’une transformation s’opère dans son jeu. Par cette localisation terminale, la pensée prend, en effet, une avance sur la réalisation des touchers, de sorte que les pressions suivent corrélativement l’orientation de la pensée comme mues par un attrait inévitable ; elles vont où la pensée est. C’est de cette communion que surgit l’allure rythmique du toucher.

Si, par sa localisation, la pensée peut déterminer le caractère rythmique des pressions, c’est que partout où il y a pensée, il y a rythme. De là, la supériorité communiquée par la pensée aux pressions et aux mouvements ; ils participent à une vérité plus haute dont la pensée est une manifestation impénétrée : le rythme.


L’indépendance de la pensée.

Et dans sa faculté de pénétration, la pensée s’oriente librement dans toutes les directions. C’est-à-dire que la pensée se forme une image de tous les mouvements réalisés ; elle a aussi la représenta-