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LE TOUCHER MUSICAL.

jusque vers leur centre commun et en admettant que ces cercles puissent être animés respectivement du même mouvement que les balanciers à l’endroit où les croisements se produisent, on aurait autant de vitesses de mouvements différentes qu’on aurait de cercles. À mesure que les cercles se rétrécissent, ils seront animés d’une vitesse plus grande.

C’est cette image complète qui servira de point de départ aux idées qui vont suivre.

Les rythmes des oscillations pendulaires et l’esthétique musicale.

La région plus sensible des pulpes où nous attribuons des dimensions moindres aux objets touchés, concorde avec celle où les doigts atteignent leur maximum d’opposition dans l’attitude de la préhension[1]. Cette opposition semble en principe constituer une force concentrique à intensité plus ou moins variable selon que le pouce s’oppose à des doigts différents.

Mais dans le jeu du pianiste, où il s’agit des deux mains, cette tendance rythmique à vitesse croissante doit s’unifier : c’est-à-dire que les deux pouces doivent provoquer une accumulation de sensations centrales, mais non une rupture entre les sensations des deux mains.

L’unification du timbre provoquée par un jeu harmonieux en fournit la preuve.

Du reste, déjà dans les plus petits déplacements que nous réalisons la plume à la main, la différencia-

  1. Ch. Féré : la main, la préhension, le toucher. Revue philosophique, 1896, XLI, p. 62.