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BIBLIOGRAPHIE RAISONNÉE DES OUVRAGES

tissement. Restif n’aurait jamais eu les loisirs nécessaires pour recueillir les innombrables matériaux de l’ouvrage, qu’il se chargea de publier et qu’il attribue à une dame : « On rencontre, dit-il, dans le style de la Mimographe, la négligence d’une fenmie et son insouciance dans le néologisme ; elle s’est donné, de ce côté-là, des libertés qui scandaliseront plus d’un grammairien puriste. Le néologisme consiste : 1° dans quelques termes de l’art théâtral très-nécessaires, qu’elle explique par les circonlocutions synonymes, la première fois qu’ils sont employés ; 2° dans quelques verbes substitués à des auxiliaires trop multipliés dans notre langue ; 3° dans les mots formés soit du grec, soit du latin. L’auteur, qui ne sait pas assez de ces deux langues pour être une savante, mais suffisamment pour entendre parfaitement la sienne, a puisé sans scrupule dans le langage de l’ancienne Rome ; au lieu que c’est malgré elle qu’elle s’est vue obligée de recourir au grec. » Il faut avouer que rien n’est plus hétéroclite que cette création d’une femme savante, qui entend à peine le grec et le latin, et qui se sert de ces deux langues en donnant carrière à son goût pour le néologisme. Restif se montre beaucoup plus sensé, quand il laisse là le néologisme de la mystérieuse Mimographe pour exposer ses idées au sujet de la construction d’un nouveau Théâtre national à Paris.

Le petit roman dans lequel Restif a encadré tant bien que mal cet ouvrage technique sur l’art théâtral, est des plus innocents et des plus insignifiants. Il n’en est pas de même des détails variés et vraiment intéressants qui font l’objet des dissertations et des notes accumulées dans ce volume. Il y a d’abord un ouvrage entier, sous le titre d’Axiomimes, c’est-à-dire : « les dignes comédiens », à partir de la page 45 à la page 251, en ne tenant pas compte des lettres romanesques qui viennent interrompre le discours. C’est un ouvrage pour la réformation du théâtre, comme le dit la préface, où l’auteur se pose en ignorante, mais ayant des idées, avec beaucoup d’honnêteté et une légère dose de sens commun : « J’entreprends, dit-il ou dit-elle, de donner un moyen simple, facile, qui n’exige aucune dépense onéreuse, de corriger les abus du théâtre, d’en augmenter l’agrément, l’utilité, la dignité. »

Il faudrait des pages entières pour relever tout ce que renferment les notes, dont quelques-unes ont l’étendue d’un ouvrage spécial ; par exemple, la note A, qui remplit plus de 80 pages en petit texte, a pour objet « de répondre aux misomimes ou ennemis du théâtre, de prévenir les objections et de donner un précis de l’histoire du Théâtre ». La note B concerne la comédie ; la note C, la tragédie. Les notes suivantes sont consacrées à l’Opéra-comique, aux théâtres