Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/288

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dures, puis creuse un trou ovale en terre, de la dimension du rôti, où il met les pierres rouges. Il dépose sur les pierres le poisson ou le cochon, bien enveloppé, avec des aromates, dans des feuilles de bananier. Par-dessus, il met des feuilles de miaouli mouillées, puis il recouvre le tout de terre et laisse cuire dans cette chaleur concentrée. La vapeur s’empare de l’arome âcre du miaouli, semblable à celui du laurier, et le rôti a un fumet délicieux. C’est de cette manière que l’anthropophage fait cuire son dîner.

Superstitions et croyances. — Le Canaque a une vague idée de l’immortalité d’un esprit, qui survivra au corps et ira dans un autre monde, véritable paradis à la mode de Mahomet, où l’on dansera de formidables pilous-pilous, en se gavant d’ignames à plein bedon, chacun ayant des femmes à volonté. Il croit aussi aux esprits ou mânes de ses aïeux, des étrangers, qui interviennent en bien ou en mal dans ce monde et sont la cause des événements favorables ou défavorables. Parmi ces esprits des morts, ceux des chefs ont le plus grand pouvoir : aussi leur adresse-t-on des prières publiques pour faire pousser la récolte des ignames ou rendre la pêche fructueuse. On conçoit combien l’autorité du Chef doit être incontestée parmi ses sujets.

Le sorcier-médecin (Takata). — Le Takata est à la fois le sorcier, le médecin et le bouffon du Chef qu’il amuse ; interprète des Génies, auxquels il est censé parler, il soigne en même temps toute la tribu, il est également envoûteur et jeteur de sorts, comme nos sorciers du Moyen-Age. Pour faire mourir un ennemi, on s’adresse au Takata, qui fabrique une statuette, la porte au cimetière et l’enterre avec toutes sortes d’invocations aux esprits des morts. Veut-il faire chavirer la pirogue d’un ennemi ? il enterre une petite pirogue. Veut-il nouer